L’actualité regorge d’histoires de conflits d’intérêts. Telle personne est payée pour une activité A tout en exerçant en parallèle une activité B, en oubliant, parfois en toute bonne foi, faire le lien entre les deux.
Comment des personnes, qui ne se vivent pas forcément comme des fraudeuses, arrivent-elles à ce genre de situation ? Y aurait-il un biais cognitif derrière cela ?
Sans parler des hommes politiques qui sont concernés par ce sujet, j’ai été interpellée l’année dernière par une étude qui démontre que les médecins qui acceptent des cadeaux des laboratoires pharmaceutiques ont tendance à prescrire plus, à produire des ordonnances de moins bonne qualité et plus chères, et avec moins de génériques.
Or, cela nous ramène à un biais cognitif bien connu, l’effet Franklin, du nom de Benjamin Franklin, député américain (entre bien d’autres activités : https://www.herodote.net/Benjamin_Franklin_1706_1790_-synthese-203.php), qui a réussi à modifier le comportement d’un adversaire politique en créant chez ce dernier une dissonance cognitive.
Il a demandé à cet adversaire, qui lui était très hostile, de lui emprunter un livre rare qu’il savait en sa possession. Par bienséance, l’adversaire politique ne pouvait pas refuser. Benjamin Franklin a ensuite retourné le livre avec un petit mot de remerciements et cet épisode a servi de prétexte pour que les deux hommes discutent lors de leurs rencontres à l’assemblée d’autres choses que de leurs opinions politiques opposées. Petit à petit, apprenant à se connaître, ils sont devenus des amis.
https://www.out-the-box.fr/effet-benjamin-franklin/
Que s’est-il passé ?
En créant un lien autour du livre, avec l’échange de service et les remerciements, Benjamin Franklin a créé une dissonance cognitive chez son adversaire. En effet, si Benjamin Franklin est un « salaud », je ne peux pas lui prêter un livre ni discuter avec lui cordialement à l’assemblée. Donc, si j’entretiens avec lui des relations cordiales, c’est qu’il n’est pas vraiment un salaud… .
Et c’est ainsi, qu’en toute bonne foi, des médecins se laissent influencer par les laboratoires pharmaceutiques, y compris en pensant rester indépendants malgré les cadeaux, invitations et autres avantages qu’ils acceptent de recevoir de leur part. Donc, on peut être sous influence, même sans être délibérément corrompu.
Attention, même en cas de fraude avérée, le biais cognitif, qui existe de toute manière, permet au fraudeur de relativiser le conflit d’intérêts et ainsi de se sentir tout de même à l’aise avec sa conscience.
Le côté sympathique de ce biais cognitif est qu’il peut être utilisé de façon positive, pour favoriser la coopération et l’intelligence collective. C’est un des aspects des activités de team building.
Excellente article.
Je vous joins à cet article qui recense de manière non exhaustive une liste de biais cognitifs orientés business.. https://www.convertize.com/fr/71-biais-cognitifs-optimisation-conversions/